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Destitution de la politique

from L'autonomie ou rien by L'écolo-libertaire

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Quatrième et dernière partie du texte du Comité Erotique Révolutionnaire, "l'Autonomie ou rien".

lyrics

Destitution de la politique

Auto-organisons nous, en-dehors des combines politiciennes et de leur misère érotique, pour construire ensemble une puissance d’agir collective grandissante, capable de s’accroître numériquement et en volonté de vivre, de s’attaquer aux puissances de répression et de domination politico-économiques et, une fois devenue forte, de vaincre éventuellement celles-ci et d’accomplir enfin cette volonté de vivre. L’accomplir en construisant une société de communes auto-organisées, comme en Aragon révolutionnaire en 1936, sans politique séparée, dominante, bureaucratique, sans économie despotique, injuste, mortifère, où nos puissances d’agir et nos passions de vivre s’épanouiront personnellement comme collectivement dans une multiplicité d’activités. Nous serons définitivement debout, ces nuits-là, et notre nuit durable, si brillante et si vivante, aura enfin mis fin au désert existentiel du capitalisme et son soleil de plomb étatique nous écrasant chaque jour.

La commune est en même temps une négation de la politique comme système séparé, hiérarchique, bureaucratique, autoritaire, et une réalisation de la politique, dissoute dans une auto-organisation quotidienne, horizontale, autonome. Auto-organisons nous, occupons tout, refusons d’être asservi-e-s aux machines électorales des « gauches alternatives » qui mériteraient aussi des droites avec leur misère érotique, et continuons ici comme ailleurs mais maintenant d’agrandir dans l’auto-organisation notre puissance d’agir. Ne refaisons pas « Mai 68 » : faisons mieux, beaucoup mieux.
...

Nous ne voulons abolir la politique que pour la réaliser. Nous voulons abolir celle-ci comme sphère séparée de la vie quotidienne, comme isoloir confirmant l’ordre capitaliste, et donc réaliser celle-ci dans la vie quotidienne sous forme de l’auto-organisation collective de nos vies. Les situationnistes ne voulaient pas abolir l’art, ils voulaient abolir celui-ci comme sphère séparée de la vie quotidienne, comme musée confirmant l’ordre capitaliste, et donc réaliser celui-ci dans la vie quotidienne sous forme d’une vie esthétique, d’une praxis épanouissante.

Se battre pour orchestrer la musique d’un monde en prenant une place depuis laquelle on ne pourra faire changer ni le rythme, ni la nature des sons, ni les instruments des musiciens ne nous intéresse plus. C’est changer radicalement de partition que nous désirons. Inventer une musique qui soit faite d’autre chose que de l’organisation machinale, aveugle, déshumanisante de nos existences.
...

Ce qui est à l’œuvre dans cette destitution continue et progressive de l’Etat, du capitalisme et de tout ce qui fait monde avec eux, au-delà d’une simple négation (comment ne pas nier vivement un monde qui nie la vie ?) c’est un non positif qui, en rejetant un certain monde, actualise en même temps une positivité auto-instituante de nouvelles pratiques et modes de subjectivation, d’où le « non » tire toute sa force. Un non qui affirme.

Il n’y a là aucun paradoxe. Notre puissance destituante, ainsi comprise, ne vise ni la ré-institution revue et corrigée d’une nouvelle version du pouvoir d’Etat, ni une simple dés-implication : elle ouvre un univers de possibilités, un univers de pratiques et de pensées. Notre destitution est puissance, elle n’est pas pouvoir. Puissance antipolitique, en ce qu’elle fait voler en éclats les frontières infranchissables qui séparent la vie du travail, la vie du loisir, la vie des décisions qui la concernent, sans se cristalliser dans des instances figées qui bientôt s’en séparent et s’autonomisent. Elle laisse surgir au sein de l’insurrection destituante un désir d’imaginer d’autres formes de cohésion sociales qui seraient en même temps d’autres formes d’activité, d’autre formes de circulation des biens, d’autres formes d’organisation collective, créant ainsi une nouvelle forme de synthèse sociale où travail, salaire, argent, temps de travail, consommation, production, élections, vote, parti, n’iront plus de soi.

Il nous faut persévérer dans la reproduction autre de nos vies jusqu’à ce que l’économie, fatiguée de nos auto-organisations et de nos désertions collectives, ne trouve plus de substrat sur lequel fleurir. Notre non doit être soutenu par une dynamique de création, par l’affirmation d’un autre-faire. Il doit s’ouvrir sur une diversité non-finie d’activités destinées à répondre de manière non capitaliste à la diversité de nos besoins. Il nous faut traduire en actes une conception non spécialisée, non séparée, non réifiée, non définitivement instituée mais toujours instituante et destituable de l’organisation collective de la vie et de l’activité.

L’autonomie est la forme d’anti-gouvernement qui permet à la fois le surgissement révolutionnaire anti-vertical et l’inscription horizontale d’une forme de vie commune qui dure, car elle combine un caractère négatif (se soustraire à l’imposition) et un caractère positif (affirmer ses propres règles). Il nous faut renoncer à une conception du politique fondée sur la puissance d’entités abstraites et unifiantes (l’État comme expression de l’universel) pour inventer des formes politiques partant de la capacité de faire et de créer de chacun, ancrées dans la multiplicité concrète des espaces et des moments. Et redonner au politique ses propriétés originaires : un temps, un lieu, des êtres, une vie qui se fait et se défait.

Notre destitution est donc pouvoir de et non pouvoir sur. Elle fait surgir au sein de notre moment insurrectionnel qui défait, qui brise le continuum historique de la temporalité capitaliste, un facteur instituant qui n’est pas une fin. Car notre antipolitique réside dans le dépassement de la distinction entre éthique et politique : abandonnons la distinction machiavélienne entre la fin et les moyens, celle-là même qui est reprise par Lénine dans sa conception du politique et de la révolution. Le monde que nous voulons créer brise la séparation instrumentale entre la fin et les moyens. Il n’y a aucune fin politique dans ce geste, aucune visée de ré-institution, d’une nouvelle distribution des organes d’exercice du pouvoir, même réformés, même démocratisés, même réappropriés, mêmes égalisés. Ce qu’institue le geste insurrectionnel, c’est l’ouverture d’une brèche.

Ne craignons ni le refus catégorique de ce monde, ni l’affirmation fiévreuse d’une vie autre.

Ne craignons ni de détruire, corps et âme, le monde qui nous détruit.

Ni de construire, cœurs et âme, celui que nous ferons fleurir.

credits

from L'autonomie ou rien, released May 4, 2016
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